
Ratio soignant-patient : une solution de surface qui ne répond pas aux vrais besoins de l’hôpital
La proposition de loi qui prévoit la mise en place de ratios soignants-patients dans les hôpitaux, peut sembler attractive au premier abord. Pourtant, après un examen approfondi, il apparaît que cette mesure, loin d’apporter une réponse efficace aux problèmes des hôpitaux, risque d’aggraver la situation en rigidifiant un système déjà en tension.
Une mauvaise approche face à une crise profonde
Notre système hospitalier souffre avant tout d’un manque chronique de personnels, lié à des difficultés de recrutement et de fidélisation. Fixer des seuils minimaux de soignants par patient ne suffira pas à pallier ces problèmes structurels. En l’absence de professionnels en nombre suffisant, l’application stricte de ratios pourrait même entraîner la fermeture de lits et de services, faute de personnel pour assurer la continuité des soins.
Plutôt que d’imposer des normes difficilement applicables, nous devons concentrer nos efforts sur des mesures concrètes pour renforcer l’attractivité des carrières hospitalières : augmentation des rémunérations, amélioration des conditions de travail, renforcement des formations et des recrutements. Le Gouvernement a déjà engagé des initiatives en ce sens, et les premiers résultats sont encourageants. Il faut persévérer dans cette voie plutôt que d’opter pour des solutions de court terme qui ne résoudront pas les problèmes de fond.
Une rigidité administrative contraire aux besoins du terrain
L’instauration de ratios centralisés et opposables pose également un problème de gestion. Chaque hôpital a ses spécificités, et la flexibilité est essentielle pour adapter les organisations aux besoins locaux. Une telle approche normative risque d’engendrer une surcharge administrative pour les agences régionales de santé (ARS) et la Haute Autorité de Santé (HAS), tout en favorisant une inflation des contentieux liés à des seuils rigides difficilement applicables sur le terrain.
De plus, cette mesure ne concernerait que les établissements assurant des missions de service public hospitalier, créant ainsi une inégalité avec d’autres structures de soins. Une approche globale et cohérente est indispensable pour améliorer durablement la qualité et l’accessibilité des soins en France.
Un engagement réel pour l’hôpital, au-delà des effets d’annonce
Le groupe Horizons & Indépendants partage la volonté d’améliorer les conditions de travail des soignants et la qualité des soins. Cependant, nous refusons d’apporter un soutien à un texte qui relève davantage du symbole que d’une solution efficace et réaliste. Nous devons voir loin et agir sur les leviers structurels qui permettront de redonner à l’hôpital les moyens d’assurer pleinement ses missions.